L'AVENIR SOMBRE DES RETRAITES

Le rapport du conseil d’orientation des retraites : un déficit qui s’accentue et pour les retraités un niveau de vie appelé à baisser.
Le régime supplémentaire Préfon présente une synthèse de ce document volumineux et complexe dont nous reprenons les principaux extraits.
« 23,5 milliards d’euros en 2020, plus de 10 milliards d’euros les trois années suivantes...D’équilibre fragile s’il en est, le système des retraites fait lui aussi partie des victimes de la Covid-19 avec un déficit qui plonge, selon le rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR) publié fin novembre. Et même si cette forte dégradation du déficit s’avère de nature essentiellement conjoncturelle, les retraités doivent s’attendre à un niveau de vie moyen appelé à « diminuer à long terme ».
SOLDES EN BERNE
Dressé ,sans extrapoler, d’éventuelles situations de nature à retarder ou accélérer la reprise (nouvelle vagues ou avancées médicales), le bilan 2020 n’est guère brillant. Certes, la dégradation s’avère un peu moins marquée que prévu (le COR lui-même évoquait en juin un déséquilibre de 29,4milliards d’euros). Après la plongée de 2020, année où la «contraction des ressources» due à la crise sanitaire ne se verrait pas «compensée par la faible diminution des dépenses liée à la surmortalité des retraités», le rebond espéré de l’économie en 2021 devrait même entraîner une embellie, avec une perte ramenée aux alentours de dix milliards. Mais l’instance projette un nouvel effritement du solde dans les années qui suivent (-11,6milliards en 2022, -12,1milliards en 2023, -13,3milliards en 2024) quand, pour mémoire, le «trou» n’était «que» de 1,9milliard d’euros en 2019.
PAS D’ÉQUILIBRE AVANT LES ANNÉES 2030
De fait, les comptes ne devraient donc pas revenir à l’équilibre avant le milieu des années 2030 dans le scénario de croissance le plus favorable, voire «au milieu des années 2050» pour l’hypothèse la plus adverse. Par ailleurs, les pensions restant très largement indépendantes du contexte économique, la part des retraites dans le PIB progresse fortement du fait de la baisse brutale de la richesse nationale: de 13,6% en 2019, elle atteint 15,2% en 2020 pour se stabiliser ensuite autour de 14% durant les années qui suivent. La courbe ne s’inverse qu’à l’horizon 2070, année où «la part des dépenses brutes de retraite entre 11,6% et 13,4% du PIB] serait inférieure à celle constatée en 2019 dans tous les scénarios».
DES PENSIONS À LA TRAÎNE DES SALAIRES
Pour les retraités, cette maîtrise à venir n’est cependant pas une bonne nouvelle! En effet, le COR l’explique par une baisse de la pension moyenne rapportée aux revenus d’activité. En clair: à euros constants, les pensions continueraient de croître mais moins vite que les revenus, le rapport entre les deux passant de la moitié au tiers. Ainsi, si les salaires gagnent entre 68% et 134% entre 2018 et 2070, les pensions, elles, ne devraient gonfler que de 21% à 46%. «Relativement stable depuis 1996 après avoir fortement progressé depuis 1970», le niveau de vie des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la population devrait dès lors «diminuer à long terme pour s’établir entre 88% et 92% en 2040 et entre 75% et 83% en 2070», alerte le rapport. »
ET LA REFORME DES RETRAITES ?
Dans ce contexte qui démontre plus que jamais la nécessité d’une réforme, si le parlement a entériné les principes fondamentaux de celle-ci, le dispositif d’application qui doit être négocié avec les partenaires sociaux est suspendu, probablement jusqu’à la fin du quinquennat, c’est en tout cas le consensus qui semble se dégager.
Rappelons que la réforme a trois objectifs :
- Unifier la quarantaine de régimes existants,
- Instituer l’équité dans l’acquisition des droits,
- Piloter le nouveau régime unique sur le modèle du système en points en vigueur dans les régimes complémentaires à la satisfaction de la quasi-totalité des partenaires sociaux.
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